Alors que la saison des festivals s’achève en douceur, une pépite s’éveille à l’approche de l’automne : le Festival de Marne, un événement qui laisse son empreinte dans le paysage des festivals franciliens. Pas le plus célèbre, peut-être, mais un de ceux qui résonne longtemps après que les lumières se soient éteintes.
Un festival hors norme
Ce n’est pas un festival comme les autres, un événement éphémère en un seul lieu, non. Ici, le festival s’épanouit sur plusieurs jours (du 27 septembre au 19 octobre 2024), et s’immisce dans la vie des petites villes de la Marne, dans des théâtres et des espaces culturels souvent méconnus. Il s’installe dans des salles aux fauteuils rouges velours, où l’on s’assoit avec cette curiosité presque enfantine, prêts à recevoir la magie qui va se dérouler sur scène. Et puis parfois, l’ambiance change, et la fosse accueille ceux qui veulent danser, vivre le spectacle debout, dans une énergie plus brute, collective.
Le Festival de Marne est intime, intergénérationnel. On y croise des familles, des visages amis, des gens qui se reconnaissent et se saluent d’un sourire complice. Ce n’est pas un simple rassemblement musical, c’est un lieu de retrouvailles, où la musique fait lien et où l’art devient un prétexte pour être ensemble.
Marne magique
Il y a eu des moments de pure magie. André Manoukian, grand pédagogue, raconte la musique autant qu’il la joue. Il la décompose, la rend accessible à tous, et d’un coup il invite Dafné Kritharas à le rejoindre. La scène se transforme. Elle est là, pieds nus, et sa voix envahit l’espace avec une pureté presque irréelle, une émotion sans filtre. Le public est suspendu, captivé, emporté quelque part entre l’intime et l’universel.
Chaque soirée apporte sa propre couleur. Il y a eu Yamé, acclamé par une foule qui le connaît bien, un artiste de la région que l’on retrouve avec un mélange de fierté et d’affection. Puis Aliocha Schneider, dont la voix douce accompagnée de sa guitare résonne avec cette sincérité qui touche immédiatement. Ou encore Emma Peters, tantôt entourée de son band, tantôt seule avec sa guitare, rappelant que la simplicité a parfois le pouvoir de percer bien plus profondément que tout artifice.
Le festival se distingue aussi par ces premières parties. Chaque soirée, une nouvelle voix, un nouvel univers, des artistes qui se dévoilent timidement, et parfois surprennent, éclipsant presque la tête d’affiche par leur audace et leur fraîcheur. Ce sont des instants de grâce inattendus, qui rappellent que le Festival de Marne est là pour offrir une scène à chacun, pour que la musique soit accessible, que les histoires s’entrelacent et que les émotions circulent librement.
À la fin de la soirée, une fois les dernières notes évanouies, on quitte les lieux avec cette douce ivresse, celle d’avoir vécu quelque chose de rare, de simple, d’intense. Les bus se font un peu attendre, les horaires de train ne sont pas toujours en notre faveur. Mais peut-être est-ce là un clin d’œil du festival, une manière de prolonger la magie, de laisser le temps encore un peu suspendu avant de reprendre le cours de la réalité.
Le Festival de Marne, c’est tout ça : des histoires à raconter, des émotions à partager, et surtout, l’envie de dire « à l’année prochaine.